Clinique de la destruction
Clinique de la destruction est une performance de quatre jours qui consista à concasser minutieusement une sculpture sphérique à l’aide d’un marteau et d’un pointeau. Cette sphère était constituée de quatre couches de plâtre et de minéraux, qui englobaient une sphère de pyrite, pour évoquer les couches géologiques terrestres : 1) la croûte, 2) le manteau supérieur, 3) le manteau inférieur, 4) le noyau externe, 5) le noyau interne. Chaque jour, à raison de six heures par jour, une couche a été concassée pour en arriver finalement à la sphère de pyrite représentant le noyau interne. À travers cet acte performatif, j’ai souhaité questionner poétiquement et frontalement la position hégémonique de l’être humain sur la planète qu’il occupe.
Est-il normal de considérer la terre comme une mine de ressources ? Continuerons-nous d’exploiter notre planète jusqu’à la rendre stérile ? L’être humain n’occupe-t-il pas trop de place sur la terre au détriment des autres espèces ?
Pour évoquer cette position hégémonique et mortifère de l’être humain sur la planète, la sphère qui évoquait la terre était relativement petite comparativement à moi-même qui la concassait. Ce rapport de proportion m’a permis de symboliser la puissance de l’être humain, qui aujourd'hui, a non seulement la possibilité de se détruire (de détruire son espèce), de détruire la planète sur laquelle il vit, mais également les autres espèces qui cohabitent avec lui. Le triptyque vidéo participant de la scénographie me permit quant à lui de créer une ligne temporelle évoquant le passé, le présent et le futur de notre planète. Le passé, par l’évocation du mouvement du trou noir qui est au cœur de notre galaxie et qui préexista la naissance de notre système solaire. Son présent, par une vidéo suggérant, entre autres, la tectonique des plaques et l’activité au cœur du noyau terrestre. Un futur tragique probable, présentifié par une roche stérile tournant sur elle-même (cette même sphère de pyrite située au centre de la sculpture qui a été concassée), qui évoquait le noyau de notre planète mis à nu et sans vie.
Performance exécutée dans le cadre du Laboratoire Je(u)s du 16 septembre au 19 septembre 2021.